Véritables signatures du paysage architectural européen, les ornements de toiture – épis de faîtage, girouettes, pinacles ou encore faîtières sculptées – incarnent à la fois l’identité régionale, la fonction symbolique et la recherche esthétique. Ces éléments, souvent méconnus du grand public, sont pourtant porteurs d’histoire et de savoir-faire artisanaux anciens.

Peu à peu exclu de nos paysages modernes face à l’urbanisation intensive des 19 et 20ème siècle, l’ornement de toiture refait son apparition, voire, revient en force, grâce au talent d’artisans chevronnés, ferronniers, potiers, sachant découper, sculpter, modeler, l’acier, le zinc, ou la céramique, qui réalisent des créations personnalisées ou des reproductions au plus près de l’identique original.

 A l’origine : identifier et dater la demeure

L’usage d’ornements de toiture remonte au Moyen Âge, période durant laquelle l’architecture religieuse et seigneuriale commença à intégrer des éléments symboliques et décoratifs au sommet des toitures.

En France, les premières traces documentées d’épis de faîtage remontent au XIIe siècle, notamment sur des édifices romans puis gothiques. En Europe, l’Allemagne, l’Italie et l’Angleterre développent parallèlement des ornements similaires, chacun influencé par les styles locaux – roman, gothique, baroque ou encore néo-gothique au XIXe siècle.

Les différents types d’ornements de toiture

Épis de faîtage

L’épi de faîtage, souvent en céramique ou en métal, est un élément vertical placé à l’extrémité du faîtage (la ligne supérieure du toit). À l’origine, il jouait un rôle de protection contre les infiltrations d’eau …et les esprits malins.

Avec le temps, il est devenu un objet décoratif d’exception. Certains prennent la forme de flèches, de pommes de pin, de fleurs de lys ou d’animaux stylisés.

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Girouettes

La girouette est à la fois décorative et fonctionnelle : elle indique la direction du vent. Son apparition est attestée dès le IXe siècle sur les clochers, notamment dans les pays nordiques.

L’expression « être une girouette » prend tout son sens, en observant rythmes et changements d’orientation ; parfois, son immobilité ! 

Au fil du temps, elle s'est démocratisée sur les toits privés, prenant des formes variées : coq, cheval, bateau, personnages folkloriques…

Elle reflète souvent la personnalité ou le métier du propriétaire.

Autres ornements de faîtage

On trouve également :

  • Des pinacles, petits clochetons pointus souvent ornés, utilisés en architecture gothique.
  • Des faîtières décoratives (barre ornée ou découpée sur le faîte). Dentelées, ciselées, avec entrelacs…
  • Des chats de faîtage, figurines posées en garde symbolique sur la toiture, notamment en Alsace. Ici, la fortune s’est installée ; on garde…et on garde bien !

Matériaux et savoir-faire selon les régions

Les ornements de toiture varient grandement selon les régions, en fonction des matériaux disponibles localement et des traditions artisanales :

  • Nord et Est de la France : prédominance de la terre cuite vernissée (notamment en Bourgogne et en Alsace), souvent associée à des toits en tuiles plates.
  • Ouest de la France et Bretagne : ornementation en ardoise sculptée ou en zinc, parfois combinée à des girouettes en fer forgé.
  • Sud de la France : usage de céramique non vernissée, influencée par l’architecture méditerranéenne.
  • Régions montagneuses (Alpes, Massif central) : présence d’ornements en bois ou en fer forgé, adaptés aux conditions climatiques rudes.

Les ateliers d’artisans potiers, ferronniers et couvreurs spécialisés, perpétuent ces savoir-faire, souvent transmis de génération en génération.

Symbolique et patrimoine

Les ornements de toiture ont aussi une forte valeur symbolique.

  • Le coq sur les églises incarne la protection, l’alerte chrétienne face au Mal, la victoire du Jour contre la Nuit.
  • Les épis en forme de blé, les pommes de pins symbolisent la fertilité et l’abondance, tandis que certaines girouettes servaient à identifier une maison, comme un blason. 
  • Le chat, selon sa posture, s’associe au foyer, à sa prospérité, et préserve des intrus.

Ces éléments sont protégés dans de nombreux cas par les Monuments historiques, et restaurés dans le cadre de programmes de préservation du patrimoine bâti. Ils participent pleinement à la richesse visuelle en ville comme en village. Elus et particuliers se mobilisent pour recréer à l’identique une girouette ou un clocheton qui faisait la fierté de la commune.

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Bien plus que de simples ornements d'extérieur, les épis de faîtage, girouettes et autres sculptures de toiture, racontent une histoire, décryptent une époque, renseignent sur un savoir-faire local, indiquent un emplacement historique incontournable…

En alliant fonctionnalité, esthétique et symbolique, ils redeviennent des emblèmes, des messagers, véritables gardiens de nos toitures.

Une tendance qui s’intensifie, propose selon les régions et les ateliers, des créations uniques en tous matériaux.

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